Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Scolies
12 février 2012

CXXIX

Il y a un point passé lequel les recherches ne sont plus que pour la curiosité : ces vérités ingénieuses et inutiles ressemblent à des étoiles qui, placées trop loin de nous, ne nous donnent point de clarté.

– Voltaire

julien10

La confusion entre le savoir authentique et l'érudition d'ornementation est très répandue ; elle l'a toujours été, mais elle se développe avec d'autant plus d'aisance aujourd'hui que nous vivons dans une société du spectacle, plus intéressée par les simulacres, par l'apparence remarquable de chaque chose, que par leur profondeur cachée sous un habit qui ne saurait être tape-à-l'oeil. Les jeux télévisés prétendument culturels nous le font voir au quotidien, eux qui prétendent couronner les candidats les plus cultivés alors qu'ils ne font que de mettre en valeur la quantité impressionnante d'informations contenue dans une mémoire réactive. On parle de culture générale, mais l'analyse des questions proposées fait rapidement voir que les questions portent sur des domaines précis et récurrents, que le candidat désireux de triompher peut explorer facilement s'il possède une bonne méthode : le meilleur joueur est le parfait bibliothéquaire, c'est-à-dire celui qui sait où se trouvent les livres, où les réponses sont rangées, mais qui, par sa fonction même, ne peut que demeurer à la surface du savoir, l'effleurant toujours sans jamais le pénétrer dans ses profondeurs, reconnaissant son odeur et ses traces sans jamais pouvoir n'en traquer que l'ombre, se satisfaisant de son apparence extérieure, superficielle, évanescente.  

Que veux-je dire ? Rien d'autre que cette idée simple : le savoir ne se mesure jamais à un QCM, et d'ailleurs il ne se mesure pas du tout. Je me plais à imaginer Socrate, figure du commencement du savoir authentique auquel il faut toujours revenir, participant à Questions pour un champion et suscitant le scandale sur le plateau en trouvant, intérrogé par Julien Lepers, quelques réparties provocatrices et fécondes dont il avait le secret : voilà une scène qui me fait rire rien qu'en l'imaginant, et je regrette que les Inconnus n'aient pas eu l'idée de la mettre en oeuvre. Je m'en aperçois : j'ai bien du mal à exprimer bien clairement ce qu'est le savoir authentique, le savoir du sage ; c'est pourquoi je procède par étapes, et que j'essaye régulièrement de dire ce qu'un tel savoir ne saurait être. N'est-ce pas le meilleur moyen de façonner la définition d'une réalité complexe, comme Platon l'avait déjà montré ?

Publicité
Publicité
Commentaires
Scolies
Publicité
Archives
Publicité