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Scolies
26 mars 2012

CLXXII

Les morts gouvernent les vivants.

– Auguste Comte

tombeau_saint_denis

Parmi de nombreuses autres choses, la vérité du progrès humain est dans cette célèbre formule de Comte ; non point le faible progrès des progressistes, ces idolâtres du changement pour le changement qui prennent n'importe quel mouvement pour un progrès alors qu'il s'agit la plupart du temps d'une décadence, mais le progrès véritable, incontestable, fondé sur les faits ; c'est le progrès positif. Lorsqu'une personne de mérite meurt, nous ne l'oublions pas, mais, par un acte naturel de l'esprit, nous l'altérons, nous l'améliorons, nous le grandissons ; les détails superflus et les défauts s'effacent, pour ne laisser luire que l'homme purifié ; nous ne retenons que le meilleur, et nous avons raison. Cette nouvelle figure du défunt ne nous quitte pas aisément, et nous anime ; modèle immortel, le mort semble nous veiller et nous surveiller ; il nous indique la voie à suivre. Impie est celui qui méprise l'exigent l'idéal laissé par le défunt illustre ; indigne est le descendant qui trompe par une vie médiocre ses glorieux ancêtres. Le mort trace un chemin que le vivant doit consciencieusement parcourir puis essayer, ou de le continuer par ses travaux, ou d'en tracer un nouveau qui l'égale au moins en beauté. Les Carnot donnent une assez juste idée de cette sorte d'émulation familiale.

Petit à petit, nous en venons à la science, où tout est respect des ancêtres. L'homme de science ne peut que s'appuyer sur les trouvailles immortelles des morts ; les vérités demeurent, les erreurs sont oubliées, et l'on n'y pense même pas. Le théorème de Pythagore est un tombeau sur lequel presque tous les hommes se recueillent un jour ; telle est la piété de la science, que la tradition du serment d'Hippocrate montre tout aussi bien. Si l'on peut douter parfois de l'élévation progressive de l'esprit, que l'on regarde l'élévation tranquille et hors de doute des sciences positives. Cette belle ascension du savoir, c'est aux morts que nous le devons ; et si nous ne nous élevons pas assez, si nous stagnons dans une improductive médiocrité, c'est peut-être que nous n'écoutons pas assez nos morts purifiés par l'esprit, immortelles statues de l'humanité qui sont tout autour de nous. 

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