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Scolies
25 avril 2012

CCII

La femme n'est pas vieille tant qu'elle inspire de l'amour.

– Alphonse Karr

 

Bonne définition de la vieillesse des femmes, à partir de laquelle nous pouvons nous livrer à quelques observations amusantes et qui ne sont désagréables qu'aux belles âmes. L'enfer des femmes, c'est la vieillesse, écrivait La Rochefoucauld. À la lumière de ces deux propositions sur les femmes, nous sommes obligés, même si nous mettons un peu de cruel plaisir dans cet acte de pensée, de conclure qu'un petit nombre de femmes sont déjà en enfer à quinze, vingt, ou vingt-cinq ans, et qu'elles n'en sortiront peut-être jamais. En effet, certaines femmes semblent n'être point faites pour inspirer de l'amour ; à les observer, on dirait des accidents de la nature, des fruits ratés du hasard. Point d'amour à leur égard, et même rarement de l'amitié, tant la laideur chez la femme, qui se doit d'être le plus bel objet de l'univers, instinctivement répugne ; ces femmes vieilles prématurément, ne le cachons point, dégoûtent et inspirent un mépris qui semble viscéral. Cela n'est point aussi injuste qu'on le dit. C'est que leur enfer trouve moins sa source dans leur laideur physique que dans leur obstination, par tous les moyens, à exhiber leur laideur ; et c'est une grande impolitesse que de persister ainsi dans l'inélégance, que de ne point chercher à mettre en valeur ses attraits féminins, fussent-ils rares. Non point pudeur, beau mot réservée aux femmes belles, mais impolitesse. 

Ce type de femmes, on le trouve beaucoup parmi les universitaires, tout se passant comme si ces chouettes sans sagesse voulaient ressembler à leur caricature : la rapide contemplation des étudiantes en lettres classiques est à ce titre une expérience parlante. Ces êtres qu'on a de la peine à appeler femmes semblent s'être décidées à tout faire pour ne pas attirer ces regards de convoitise qui font la vanité, c'est-à-dire le bonheur, des belles femmes. Elles mettent des lunettes grotesques cachant leurs yeux, rarement sans charmes ; elles attachent sans soin leurs cheveux ; elles ne songent point à se servir du maquillage, arme naturel des femmes, pour cacher un tant soi peu leurs défauts et pour mettre en valeur leurs rares attraits véritables. Comme dans beaucoup d'autres domaines, la négligence du détail fait trop voir la laideur de la totalité. Les vêtements qu'elles portent ne sont point féminins, ou alors ce sont de ridicules vêtements de vieilles filles. Tout est révélé, sauf les attraits ; tout est caché, sauf les défauts. On ne pense même pas que ces femelles ont un cul et des nibards ; et lorsqu'on y pense, on se dit que tout l'intérêt de la levrette est de pouvoir baiser une gonzesse ayant un derrière satisfaisant sans souffrir le spectacle d'une sale gueule. Ces épouvantails ambulants, exercant, de surcroît, la plupart du temps, une activité peu utile à la société, inspirent le dégoût aussi bien aux hommes qu'aux femmes, qui doivent avoir honte de leur sexe en considérant de telles créatures. 

L'expression de dégoût que nous inspire ces choses là est parfois suivi d'un vague sentiment de pitié et de regret ; nous remarquons que presque aucun être n'est entièrement dénué de beauté, et qu'une volonté jointe à un peu d'habileté, laquelle peut s'acquérir avec le concours d'autres personnes, suffirait pour rendre acceptable, pour ne pas dire baisable, bien des femmes que la nature n'a pas favorisé. Une jeune fille peut être moche, mais elle n'en demeure pas moins jeune, et tant que la chair est fraîche, tout est possible. Encore faut-il le vouloir, car les femmes vieilles prématurément, emportés dans leur invisible tourbillon de chagrin, n'ont presque jamais de réel désir de s'embellir ; au contraire, elles se servent de leur laideur pour satisfaire leur amour-propre. Ô prodige de la nature ! Femme moche est souvent femme orgueilleuse. La moche a tendance a cacher son amertume en feignant de ne point prendre intérêt à la beauté de son être et en prétendant s'intéresser à des activités plus élevées, clairs signes de ressentiment. 

Que faire avec ces tristes femmes, hélas !, vieilles trop tôt, contre la nature ? Convoquer le Don Juan de Brassens, qui est à la charité ce que celui de Molière est à l'insolence.

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