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Scolies
8 mai 2012

CCXIV

Le premier des dons de la nature est cette force de raison qui vous élève au-dessus de vos propres passions et de vos faiblesses, et qui vous fait gouverner vos qualités mêmes, vos talents et vos vertus.

– Chamfort

AVT_Platon_4949

Nombreux sont ceux qui n'ont point une telle confiance en la raison et qui se moquent des philosophes faisant l'éloge de son immense pouvoir. Par là même, et sans l'apercevoir, ils retirent précisément à la raison sa puissance. Pour que les pouvoirs de la raison puissent s'exercer, il faut avoir foi en la raison et croire en son efficacité. La raison sans la foi pour lui donner vie n'est qu'une abstraction. Pour mesurer la force de la raison, il y a une condition indispensable, et c'est la croyance en la raison. Qui doute de la raison, et, partant, expérimente sa raison sans y croire, ne pourra point gouverner passions et vertus. Pour réussir, il faut y croire ; il ne s'agit point là d'un creux lieu commun ; au contraire, il y a toute la puissance possible de l'homme contenu, implicite, là-dedans. Ô philosophes, qui fourrez vos yeux indiscrets partout, qui examinez les plus imperceptibles nuées, que ne regardez-vous la sagesse populaire ! Les préceptes de cette sagesse me viennent spontanément à l'esprit, et ma raison, loin de  les condamner, ces maximes connues de tous, elle les approuve et les développe. Donc, j'en suis sûr, pour que la force de ma raison s'exerce, je dois au préalable croire le plus possible en cette force ; et la raison étant raisonnable, je ne peux craindre qu'elle m'entraîne sur les voies dangereuses du fanatisme et du dogmatisme. Une raison fanatique est une contradictio in adjecto ; il n'y a qu'un fanatisme qui se voile derrière les belles parures de la raison.  Quant aux sceptiques qui se plaignent de ne pas avoir la foi, je dis, comme Brassens à son voisin Blaise Pascal, faites semblant de croire et bientôt vous croirez. 

Je veux regarder le buste imposant de Platon. C'est le signe de ma foi en la raison. Le regard implacable de Platon me réhausse et m'encourage à me gouverner par la tête, non par le thorax et l'estomac. Ô Nietzsche, moque toi avec ton mauvais humour d'allemand de ma foi en la raison, et laisse moi rire de ta faible volonté de puissance, toi qui frappait ta tête contre le mur pour moins souffrir de tes migraines, toi qui perdit ta force prodigieuse en la gaspillant en critiques excessives et déraisonnables, toi qui creva après avoir tout à fait perdu la raison, comme si elle s'était vengée des cruelles calomnies que tu lui avais infligé ! Platon me guide et me dirige vers la raison ; il me la fait aimer, et, par là, me fait expérimenter son étonnante force, me prouve sa puissance insoupçonnée. La preuve vient après la foi. 

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