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Scolies
12 juin 2012

CCL

Il y a des cerveaux de trois sortes, les uns qui entendent les choses d'eux-mêmes, les autres quand elles leurs sont enseignées, les troisièmes qui, ni par soi-même ni par l'enseignement d'autrui, ne veulent rien comprendre.

– Machiavel

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Le vieux rêve républicain du triomphe définitif du savoir sur l'ignorance est à peu près terminé : nous disons vouloir combattre l'ignorance, non l'éradiquer ; et c'est l'expérience, juge sans indulgence, qui a mis un terme à l'utopie d'une société dans laquelle aucun citoyen ne serait superstitieux et inculte. L'échec était prévisible ; car, pour réussir, il n'eût point fallu se contenter de concevoir toutes les mesures possibles pour développer l'enseignement gratuit pour tous, il eût encore fallu, ce qui est impossible, faire en sorte que tous les citoyens désirent assimiler des connaissances et comprendre rationnellement le monde. Pour apprendre, il faut vouloir apprendre. L'école peut forcer l'élève a avoir de la discipline et à assimiler un certain nombre de savoirs élémentaires, tels que l'écriture, le calcul, ou la lecture ; mais jamais elle ne pourra forcer un homme à aller plus loin dans sa recherche de connaissance, à lui faire aimer la littérature, à lui faire apprécier les mathématiques, à lui donner envie de découvrir la philosophie. Si un élève se moque de ce que peut bien être l'ADN, ne voit aucun intérêt à savoir les planètes qui composent le système solaire, et trouve ridicule d'être ému par un quatuor de Beethoven, le professeur est presque sans recours pour inverser la mauvaise tendance de l'élève ; et la séduction d'un homme, aussi doué soit-il, suffit rarement à ouvrir les yeux d'un homme borné. Il y a ainsi un nombre considérable de cas qu'on ne peut sauver de l'ignorance, car ils se précipitent, de leur plein gré, dans le mépris du savoir, voire dans une glorification de l'incompréhension. Ce qui n'est d'ailleurs pas si dramatique, car si l'on peut assurément mieux vivre en étant savant, on peut également mener une existence tout à fait correcte lorsqu'on est ignard, pourvu que l'on sache allier un bon tempérament avec un goût pour des activités qui mettent le corps en action. Enfin, c'est une grande question, mille fois posée, que de savoir pourquoi les savants sont si rarement sages ; et j'ai ma petite idée là-dessus.

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