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Scolies
14 juillet 2012

CCLXXXII

Être quittée pour une pareille créature ! se voir dédaignée devant elle ! Son orgueil souffrait plus que son amour.

– Zola

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Zola, dans Le bonheur des dames, roman qu'on dit optimiste, dresse un portrait sans concession de la nature féminine. Il y a de quoi être effaré. En lisant cet ouvrage, on est davantage effrayé par les instincts féminins que par l'essor implacable des grands magasins. Henriette, également appelée Mme Desforges, dont il est question dans la phrase citée, est sans doute la femme la plus méprisable du roman ; et ce qui renforce la cruauté de la description est précisément la justesse de celle-ci. Le portrait n'est pas excessif ; les traits sont justes ; point d'invraisemblance ; et l'on reconnaît de nombreuses femmes de notre connaissance en Mme Desforges, signe que le romancier a réussi. Il y a des Denise également, mais rarissimes ; les femmes dignes se font exceptionnelles par les temps qui courent. 

L'orgueil dégrade la pureté de l'amour. Il n'y a rien de pire que de voir une personne aimée souffrir par son orgueil attaqué plutôt que par son coeur blessé ; on croit être aimé pour soi et l'on s'aperçoit que l'on est qu'un signe parmi d'autres renvoyant à un Narcisse. L'amour sublime, comme le montre de nombeaux romans d'amour, est la négation de l'orgueil. Eros exige l'abandon de l'amour-propre ; sans quoi, point d'abandon de soi, point de folies, point d'amour-passion. Mais qui sait sacrifier son orgueil à son amour ? Il est vrai qu'il est plus facile de céder sa carte bleue que son amour-propre.

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