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Scolies
9 avril 2012

CLXXXVI

Mais une femme en colère, à quoi bon l’écouter ? Je vois bien vite que c’est du chinois absolument ; je n’y comprendrai rien de grand, rien de beau, rien d’humain, aucune pensée, enfin, pour tout dire. J’entends, je n’écoute pas.

– Alain

A8631

Et nous, hommes insensés, nous voulons interpréter ces violentes gesticulations de gestes et de sons ; mais dès que l'on commence seulement à considérer ces affolements passagers comme des pensées rationnelles, dès que nous essayons seulement de communiquer avec cette bête enragée, la plus terrible de toute, qu'est la femme en colère, nous sommes perdus, nous entrons dans leur jeu, et nous perdons toujours. La calme raison n'a aucune chance contre la passion déchaînée. Chercher à comprendre c'est ne pas comprendre qu'il n'y a rien à comprendre. La raison n'indique qu'un seul comportement : le silence, ou la recherche de mots apaisants, c'est-à-dire encore le silence. Le silence est la vertu secrète du sage habitué des femmes. Hélas ! Cette sagesse ne s'obtient pas aisément ; car le premier mouvement de l'homme en face de la colère absurde de la femme, est évidemment la colère ; et ce sont toutefois deux colères différentes, la seconde n'étant que l'effet de la première, n'étant que la réaction naturellement violente de l'intelligence devant la folie de la sensibilité. Répondre aux ovaires par les couilles, c'est nier la grandeur de la raison, c'est descendre jusqu'à la dangereuse puissance des passions ; au contraire, toujours l'humain, homme comme femme, doit s'efforcer de lentement et imperceptiblement redresser son partenaire en lui faisant voir un serein reflet de ce qu'il a de meilleur. Le colèreux doit désirer le chemin vers la tranquillité silencieuse, et vouloir réveiller sa raison temporairement endormie. 

Une femme qui s'énerve sous l'influence de ses ovaires, ce n'est point une femme, ce n'est point un être humain ; c'est le vacarme sauvage d'une ovule sur pattes à l'agonie. Pitié pour les ovules et sérénité devant la fureur féminine ! Le secret de Socrate, qui parvint à supporter la fameuse Xanthippe pendant toutes ces années, est tout entier dans ces deux mots : laisser couler.

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