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Scolies
21 décembre 2011

LXXVI

Un intellectuel assis va moins loin qu'un con qui marche.

Michel Audiard

Carl_Spitzweg_021 

Les intellectuels doivent toujours se méfier de l'attrait des chaises et des fauteuils ; et c'est à juste titre qu'on se moque de ces scribouilleurs éternellement assis, au sens propre, mais également au sens figuré. J'appelle assis tout homme qui se réfugie dans son confort en négligeant d'exploiter ses forces ; j'appelle assis l'homme qui se contente de ce qu'il a pour vivre tranquillement sa vie, qui se réfugie dans une passivité morne, qui ne se lève jamais pour essayer de saisir l'horizon ; ignorant toute forme de volonté, il mène la terne vie d'un automate se rouillant pitoyablement au fil des années.

« Et tous sont ainsi faits ! Vivre la même vie,

Toujours pour ces gens-là cela n'est point hideux ;

Ce canard n'a qu'un bec, et n'eut jamais envie

Ou de n'en plus avoir ou bien d'en avoir deux. »

Je vois beaucoup d'automates (c'est-à-dire des faignéants toujours assis, des lugubres vélléitaires présomptueux, des très longs et très suffisants fleuves tranquilles, des radins de l'énergie fiers de la petitesse de leur désir) parmi les professeurs. Je ne trouve rien de plus indigne que ces professeurs, assez nombreux, qui refont la même leçon chaque année au grand plaisir des redoublants, ne voyant sans doute pas l'intérêt de traiter d'une façon différente un sujet déjà étudié par le passé, pris de désarroi lorsque le programme vient à changer, et qui parfois ne prennent même pas la peine de réciter leur ennuyeux cours, mais se contentent de le lire, sans honte, assis devant toute la classe, comme s'il y avait un quelconque intérêt pour un élève à écouter un professeur lire son texte pendant des heures ! Et je n'estime pas beaucoup ces professeurs ayant choisi leur métier, se plaignant et geignant sans cesse, incapables de se donner les moyens d'accomplir leur vocation – mais qui enseigne encore par vocation ?

Je ne peux m'empêcher de penser qu'un insignifiant rat de bibliothèque (ou qu'une larve croupie toute la journée devant sa télévision, on s'asseoit et on s'encroûte dans la passivité comme on peut) ne vaut pas beaucoup mieux qu'une vigoureuse racaille qui elle, au moins, bouge son cul pour semer la merde.

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