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Scolies
25 janvier 2012

CXI

Les femmes n'étudient pas assez l'art de soutenir notre goût, de se renouveler à l'amour, de ranimer, pour ainsi dire, le charme de leur possession par celui de la variété.

– Beaumarchais

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Si les femmes savaient se prévenir de la malédiction de la monotonie ; si elles avaient le courage et l'ingéniosité nécessaires pour combattre le poison de l'habitude morne qui tue, plus sûrement que la souffrance ou la trahison, l'amour flamboyant, vivace, passionné ; si elles avaient le génie de rompre les chemins prévisibles, de réfuter les calculs de l'homme et d'être quotidiennement créatrices, alors l'amour-passion durerait plus de trois ans. Je parle des femmes comme si c'était à elles de faire tout le travail ; c'est que je suis homme et qu'on l'on parle toujours ce qu'on n'est pas ; je sais que l'homme est souvent tout autant responsable que la femme de la prévisibilité progressive de la relation amoureuse, mais c'est pour de toute autre raison, lorsqu'on y pense. En gros – car en amour on ne saisit jamais que trop grossièrement le problème – la femme doit varier ses appâts, ses moyens de séduction, ses manière d'être capricieuse (et la femme digne de ce nom l'est toujours avec grâce) ; l'homme doit varier l'expression de sa puissance, nuancer le détail de ses goûts, affirmer différemment sa volonté directe (et l'homme digne de ce nom se reconnaît toujours à sa puissance directe de volonté). Ces remarques qui peuvent paraître arbitraires s'éclairent grâce aux meilleurs connaisseurs des relations humaines, lesquelles sont depuis toujours ce qu'il y a de plus intéressant pour presque tous les êtres humains, je veux parler des grands romancier : Stendhal, Montherlant, La Fayette, Balzac, Louÿs, Cohen contiennent toutes ces idées là, mais rendues concrètes, palpables, influentes. Je m'y attarderai plus d'une fois, et en détail.

L'habitude voulue est bonne, l'habitude imposée est mauvaise ; question d'activité et de passivité ; le problème est que l'habitude instituée par un couple n'est presque jamais désirée et voulue par les deux. Le pire est qu'une fois l'habitude installée et ancrée dans la relation, les caprices n'ont plus rien de charmants, le processus de séduction est totalement aboli ; plus de conquête et de combat possibles, tout n'est plus qu'enquiquinements absurdes. Il n'y a pas de remède à cette situation, si ce n'est une éventuelle transition, à savoir le passage de l'amour-passion à l'amour-complice, et il faut alors renoncer aux grandes prétentions du premier et apprendre à goûter aux plaisirs tranquilles et paisibles du second. Je crois que les femmes, finalement plus complexes que les hommes, plus attachées à leurs passions, ne supportent pas bien une telle transition ; elles ont une trop haute idée de l'amour. Les femmes vénèrent l'Hamour.

Il y a des des femmes qui ont naturellement un plus grand pouvoir d'envoûtement sur les hommes, et qui parviennent davantage à faire naître un fort lien d'attachement; ce sont les femmes que l'on qualifie de charmantes. Ce sont elles qui rendent fous les hommes, qui influent durablement sur eux et leurs actions ; elles sont rares, sauf dans les romans où dans nos belles rêveries ; une fois arrivées dans nos vies, elles n'y sortent que très lentement et très difficilement. Une femme charmante est toujours inventive ; sa beauté se déploie en plusieurs temps et en plusieurs manières ; toujours une nuance à apporter qui vient colorer l'amour, toujours un détail imprévisible qui vient changer la totalité qu'elle forme, toujours jouant divinement avec l'homme, promettant, résistant, se donnant parcimonieusement ; ce sont elles les reines de leur sexe. J'ai une petite pensée pour Milady. Elles ont presque tout, ces femmes charmantes, tant qu'elles sont encore fraîches. Ce sont ces femmes là qui, indirectement, sont plus puissantes que tous les hommes.

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