CLXXIII
Une femme, une vraie femme, c'est une femme avant tout qui n'est pas féministe.
– Sacha Guitry
Il y a des oeuvres excessives qui sont de véritables cris, cris d'exhaspération, cris de peur, cris de combat. Calmos, extravagant film de Bertrand Blier s'élevant de plan en plan vers une aberration toujours plus grande qui rendrait les folies de Fellini presque normales, est l'un de ces cris violents. On sent que ça vient du plus profond de soi. Il faut que ça craque, comme le dit Jean-Pierre Marielle en gynécologue qui en a marre de voir des culs et des chattes toute la journée ; elles nous pompent tout ; elles ne s'arrêtent devant rien, toutes les toquades sont bonnes, leur inventivité instinctive pour toujours nous faire chier est désespérante. Nous sommes contraints de fuir, nous ne pouvons plus demeurer auprès de ces ovaires agressifs et envahissants. Elles sont tellement accaparantes qu'elles ne nous laissent pas tranquillement avancer dans Proust. Elles ne se contentent plus d'avoir les défauts naturels de la femme : elles se sont assimilées, par féminisme, les défauts de l'homme, formant un mélange avilissant entre bête rigidité féminine et impérieux désir masculin ; ce sont des monstres terrifiants, d'infâmes créatures hybrides qu'on ne veut plus désirer. Seul remède possible : le sauciflard, le le pinard, et l'amitié, trinité qui ne trompe jamais. Le divin Jean-Pierre Marielle le gueule fort : Écoutez madame, pour l'instant, nous, il n'y a qu'un truc qui nous fait bander : c'est le Beaujolais ! Voilà ! La blanquette de veau, le roquefort, la frangipane ! Le tabac brun ! Et le calme !... La voix est forte ; la résistance est majestueuse ; les couilles s'afermissent face à l'assaut des ovaires. Hélas ! Dans le film comme dans la réalité, les ovaires finissent toujours par triompher, et l'homme, imperceptiblement, se retrouve, tumultueux, enfermé dans la motte d'une gonzesse. Elles ont gagné.