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Scolies
18 avril 2012

CXCV

Il est difficile de se rendre vraiment propres toutes les connaissances que l'on a pu recevoir dans le cours de l'éducation. Une partie s'efface de la mémoire, et plus de facilité pour les acquérir par une nouvelle étude est presque le seul profit qu'on retire d'une première instruction.

– Condorcet

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La grande majorité des hommes se contentent d'une première instruction, et négligent la forte impulsion prodiguée par celle-ci en se plongeant le plus rapidement possible, comme le veut notre société, dans des divertissements stupides qui sont nuisibles au maintien de l'esprit critique. Ce qui n'est vu qu'une fois ne s'ancre pas ; pour être marqué par une idée, il faut la ressasser. C'est dire que la jeunesse ne permet point d'acquérir une sagesse véritable, mais seulement les fondements plus ou moins solides sur lesquels nous nous appuirons dans les différents âges de notre vie. Peut-être que la sage vieillesse commence lorsqu'on répète volontairement les mêmes expériences, lorsqu'on peut, à partir d'une nouvelle perspective, aborder différemment une intuition de jeunesse. Les peintres ne changent pas beaucoup de style, pas plus que les écrivains ; et les philosophes ne cessent pas de développer, sous des formes variées, une même intuition primordiale. 

Il y a un temps pour la découverte du monde, temps vivace et allègre, et il y a un temps pour la méditation, la rumination, et la digestion du savoir, temps que je me figure plus majestueux, plus calme, plus nuancé ; ce sont deux bonheurs différents. Alain, vers la fin de sa vie, avait lu des dizaines de fois La Chartreuse de Parme : voilà une anecdote qui suffit pour comprendre qu'on à affaire à infiniment plus grand que soi. On s'écrase devant une telle instruction décuplée. 

 

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