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Scolies
29 avril 2012

CCVI

La faculté de rire aux éclats est preuve d'une âme excellente. Je me méfie de ceux qui évitent le rire et refusent son ouverture. Ils craignent de secouer l'arbre, avares qu'ils sont de fruits et d'oiseaux, craintifs qu'on s'aperçoive qu'il ne s'en détache pas de leurs branches.

– Jean Cocteau

thierryroland

Le rire est révélateur de l'homme. Le rire relève du moi intime. Personne ne rit de la même manière. Cette étonnante diversité du rire gagne à être remarquée, et l'obsrevation attentive du rire d'autrui apporte des suggestion sur la nature d'un individu aussi instructives que plaisantes. Le rire est une ouverture ; il libère énergiquement des sons et des mouvements de corps qui sont le propre d'un seul homme : il n'y a, par exemple, que Philippe Bouvard pour faire aussi violemment gesticuler ses épaules lorsqu'il rit. Fort, perturbant, incontestable, l'éclat de rire d'un homme est une soudaine ouverture du corps qui se relâche, qui se secoue, et qui invite les autres corps à s'ouvrir à leur tour.

Le rire est révélateur, le rire a une signification claire, alors que le sourire, au contraire, est plutôt ambiguë, équivoque ; le premier ne se maîtrise point comme le second qui s'inscrit sans peine sur le visage de l'hyprocrite et du manipulateur. Le diable sourit, mais ne rit point ; c'est que le diable doit faire attention au moindre de ses gestes, et qu'il sait pertinemment qu'un mouvement inattendu peut le trahir. Il ne faut point être tendu pour se laisser aller à l'éclat de rire : le timide, faisant toujours attention à lui-même, ne peut rire librement, car le regard des autres le retient et l'inhibe. L'alcool a cette divine vertu de lever temporairement cette triste inhibition et de permettre aux timides de rire en société. Il y en a qui, même après avoir bu, refusent de tout leur être de révéler leur rire, ou d'autres qui craignent même d'absorber la moindre dose d'alcool qui pourrait altérer le cours normal, c'est-à-dire ennuyeux, de leur comportement ; ces hommes là, nous devons sans doute nous en méfier. Oh ! Gentillement bien sûr, rien de bien grave ! Nous n'allons point les accuser d'être le diable. Mais nous allons peut-être les soupçonner d'être de tristes compères, ayant des amertumes à cacher, des rabats-joies exaspérants qui plombent l'ambiance par leur indifférence affectée. 

Il y a un côté monstrueux dans le rire, cela est très visible ; mais pourquoi vouloir absolument cacher la part monstrueuse de son être ? Les monstres sont plus grotesques qu'épouvantables, et plus ridicules qu'effroyables, après tout. L'homme qui rit fort, sans honte, exhibant la part la plus ridicule de lui-même en se laissant joyeusement aller à ses sauvages convulsions, m'inspire confiance : il peut être grossier, il peut être bête, il peut être sadique, mais je doute qu'il puisse être un subtil méchant homme, conscient de ses vices, d'une finesse redoutable, prêtant trop attention aux signes qu'il renvoie – ces êtres là sont les plus capables de faire le mal. 

Les rires féminins sont un prodige de la nature, un don de Dieu ! Je ne connais rien de plus merveilleux qu'une jeune fille séduisante qui doucement sourit, qui progressivement pétille des yeux, et qui soudain éclate d'un rire unique, attachant et charmant. Les rires de femme sont rarement répulsifs ; et même les rires de sorcières, qui ne charment peut-être pas, mais qui étonnent davantage, sont aimables à leur façon. Cependant, le plus enchantant des rires, fût-ce celui d'une envoûtante sirène, aura toujours moins de valeur que le plus inoubliable rire de l'humanité, celui, évidemment, de Thierry Roland. Merci Thierry d'avoir livré ton rire à l'humanité, ce sera ton plus grand titre de gloire.

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