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Scolies
26 juin 2012

CCLXIV

Tout-puissants étrangers, inévitables astres
Qui daignez faire luire au lointain temporel
Je ne sais quoi de pur et de surnaturel ;
Vous qui dans les mortels plongez jusques aux larmes
Ces souverains éclats, ces invincibles armes,
Et les élancements de votre éternité.

– Paul Valéry

van-gogh

Les astres ont élevé la pensée humaine. Il est probable que les premières méditations métaphysiques viennent directement de la contemplation du ciel étoilé, énigme infinie offerte à tous les hommes. Ce monde lointain où brillent des point lumineux se mouvant en un rythme fixe, suivant l'ordre de notre sphère céleste, apparaît comme un autre monde, supérieur, inaltérable, incorruptible. Le jour, les hommes voient les éléments s'altérer à chaque instant ; tout périt en une petite seconde ; tout se meurt et puis renaît ; les monuments les plus solides s'effondrent par la seule action humaine. La nuit, ce sont toujours les mêmes étoiles immuables qui sont regardées par les yeux émerveillés des hommes ; rien ne peut les détruire, ni les hommes, ni le temps, ni aucun dieu vengeur ; et c'est ainsi que naît l'idée d'éternité. Contempler les astres, élever son regard et son esprit jusqu'au ciel, c'est se désintéresser momentanément des contingences éphémères de la terre, c'est appréhender un monde parfaitement ordonné, signe sans pareil de la présence du divin. L'astronomie, en ses commencements, touche Dieu à chaque nouvelle découverte. Le cosmos, c'est-à-dire l'idée d'un monde harmonieux, est intimement lié à la contemplation et à l'étude du ciel étoilé, comme on le voit dans Aristote. Aussi, sans la pensée de l'astronomie, nous manquons le commencement de la métaphysique, et nous discourons vainement dans l'abstraction creuse. La seule bonne manière de faire de la métaphysique serait donc de partir des premiers balbutiements spéculatifs de l'humanité pour progressivement avancer jusqu'aux énoncés solides et précises de la science positive, lesquels resteront incompréhensibles si nous occultons le début du chemin humain. C'est par la perception du lointain que tout commence.

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