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Scolies
8 octobre 2011

II

Si tibi non opus est servata, stulte, puella,

At mihi fac serves, quo magis ipse velim !

Quod licet, ingratum est ; quod non licet acrius urit.*

– Ovide

Waterhouse___Windswept

Les femmes sont le sel de la terre. Elles apportent les nuances nécessaires à la beauté de l'être humain ; elles lui donnent des courbes agréables, des rondeurs luxueuses, des parfums désirables. La femme embaume ; toute sa force est dans la subtilité de son charme qui pousse à l'action ; elle est fondamentalement une beauté motrice : la beauté est un dynamisme. Sa grâce est aérienne ; sa respiration est un souffle de fécondité ; et, forte de sa superficialité de la profondeur, de son art de l'apparence et du mensonge, elle se plaît à diriger subrepticement les actions des hommes. Il est imprudent de sous-estimer le pouvoir de la délicatesse féminine, ce pouvoir de félin qui lui permet d'exercer une force indirecte et complexe dans les plus grandes comme dans les plus anodines affaires humaines : la femme sait et aime faire désirer.

La féminité est tout dans l'ombre, elle n'est rien dans la lumière : son empire est volontairement voilé ; ses armes sont des parures, matérielles et spirituelles. Maîtresses de l'illusion, les femmes, derrière leurs masques de comédiennes, peuvent ficeler les plus malicieuses intrigues, lesquelles suscitent et la joyeuse curiosité et la dangereuse témérité de l'homme. La source de toute cette puissance n'est pas autre chose que le mesquin interdit qu'elles posent et reposent sans cesse ; et à ce titre, l'une de leur principale vertu est celle de la résistance, que toute habile femme sait graduer à sa guise. L'amour sans rituel est un assouvissement animal. Les hommes ont besoin de cette obscure violence féminine, de ces attraits qui aiguisent la volonté. L'amoureux veut attraper le vent ; il suit la brise charmante ; son bonheur est dans le franchissement progressif des obstacles. Mettez un amant devant l'accomplissement facile, devant l'amour sans efforts, il sera comme un athlète n'ayant pas d'adversaires à sa hauteur : il s'ennuie et se vautre dans la velléité ; sa puissance est retombée ; la permission a tué la passion. Toujours l'homme doit dépasser.

Aussi, la complainte que pousse le poète est légitime : mais où sont les neiges d'antan ? Voici le cri de l'homme sans cibles, à l'appétit affaibli, qui ne sait où éprouver sa puissance comme le tireur à l'arc ne sachant en quel cercle tirer sa flèche. N'en doutons pas : l'attitude des femmes, comme la religion ou les arts, montre l'esprit d'un État et de son peuple : tout est toujours lié. De sorte que nous pouvons être inquiets de notre nation non seulement en voyant l'actuelle idolâtrie des avatars de la consommation, en regardant la foule se prosterner devant les plus répugnantes des œuvres, mais également en considérant la horde de messalines grossières qui arpentent les rues. La chair est belle, mais le jeu est triste ; tout est montré, rien n'est suggéré ; et le désir se meurt de l'excessive quantité de corps offerts aux regards. Gageons que si Don Juan, par un châtiment des Enfers, se retrouvait à notre époque, il succomberait rapidement d'ennui devant l'absence de défis et de jeux dignes de lui. Ô Femmes, montrez-vous capable de plaire à Don Juan : suggérez et interdisez !

*Insensé, si ce n'est pas pour toi que tu surveilles ta femme, surveille-la du moins pour moi, afin de me la faire désirer davantage. Ce qui est permis n'a pour nous aucun prix ; ce qui ne l'est pas ne fait qu'irriter notre passion.

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