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Scolies
14 octobre 2011

VIII

Le temps et mon humeur ont peu de liaison ; j'ai mes brouillards et mon beau temps au-dedans de moi.

 Pascal

 Self_portrait

Tout est dedans. Nous faisons assurément un grand pas vers la connaissance du bonheur et de la sagesse lorsque nous comprenons que les événements extérieurs n'ont que peu de prise sur nous. Les exemples qui vont dans ce sens déferlent dans toutes les têtes : combien de personnes, n'ayant guère été favorisé par la fortune d'un point de vue matériel, l'ont été du point de vue de la météo de l'âme ? Je connais mille personnes dont l'âme est toujours belle, fière de son temps intérieur, de son soleil rarement caché par les nuages ; les accidents se déroulant hors cette intériorité sont dérisoires et n'influent que de façon très indirecte l'harmonie naturelle du sujet. Nous lions spontanément, et sans doute avec erreur, le monde à notre intériorité : ils ont des liens – ceci est difficilement contestable – mais ces liens ne sont pas aussi puissants et fondamentaux qu'on pourrait le croire ; ce sont des jeux de reflets, d'images et d'expressions. La perception du monde n'est pas rigoureuse. Notre vision de la réalité n'est pas sérieuse ; elle manque de précision et de cohérence. La perception est une danseuse, qui ne prend guère son activité au sérieux ; elle fait son boulot, mais ne cherche guère à imposer les résultats de son activité ; elle aime trop sa liberté pour s'agenouiller devant l'objectivité comme la putain suce méticuleusement les queues.

Tout est dedans. Si l'on ne va pas voir ce qui se passe à l'intérieur de quelqu'un, si l'on ne cherche pas à comprendre la complexion propre d'un individu, on ne pourra jamais comprendre sa relation avec le monde. Les sociologues, en négligeant ceci, se montrent tout à fait stupides : quelle erreur énorme : couper la réalité du sujet singulier la percevant ! Ils ne voient rien, ces hommes là ; ils ont des yeux colorés par l'idéologie ; ils n'ont pas même l'idée de pénétrer la chose singulière. Oculos habent et non videbunt, comme d'habitude...

Moi, je la veux pénétrer, la chose singulière ! Par tous ses trous, jusqu'au fond des entrailles, allant sans vergogne à travers toutes les pores, ne négligeant aucune ouverture – j'entre joyeusement dans le processus singulier. Je me veux météorologue de l'âme plus que du ciel ; et si je ne sais lequel est le plus réel, de l'un ou de l'autre, je sais lequel a le plus d'importance aux yeux du philosophe. Il y a, en tout cas, primauté de l'intériorité sur l'extériorité ; il faut d'abord cerner la première pour comprendre les rapports du sujet avec le second ; c'est ainsi qu'on comprend quelqu'un. Le cœur du rapport entre soi et le monde est toujours en soi, toujours. Tout est dedans.

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