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Scolies
6 décembre 2011

LXI

Quand le peuple ne croira plus à l'Immaculée Conception, il croira aux tables tournantes.

Flaubert

Table_tournante 

L'homme ne détruit des idoles que pour les remplacer par d'autres ; nous n'avons jamais vu un crépuscule de superstitions qui ne fût suivi par une aurore de système d'idées irrationnelles nouvelles ; tout se passe comme si la croyance en des causes magiques était inscrite dans la nature humaine. Des individus peuvent s'émanciper de cette tyrannie des idées fausses, mais jamais un peuple tout entier ; l'occultisme sera toujours plus séduisant et influent que la raison, faculté ayant un charme et une puissance trop sobre, trop peu spectaculaire pour triompher de son adversaire. D'où l'on constate facilement que la superstition est profondément populaire, alors que la raison, malgré tous nos efforts, ne s'épanouit que chez quelques uns, et ce, bien que l'on puisse plus ou moins distinguer des niveaux de superstition qui varient selon le peuple et l'époque. Il serait trop aisé et quelque peu fastidieux d'analyser les formes d'occultisme modernes ; elles sont trop évidentes, et il suffit d'observer l'adoration frénétique et pathologique que produit l'astucieux système capitaliste en fabriquant des idoles à partir d'êtres médiocres pour se convaincre de l'importance de l’irrationalité dans notre civilisation moderne. Philippe Muray a fait un travail remarquable en repérant l'occultisme derrière le socialisme et le progressisme, liaison opératoire depuis le XIXème siècle que nous ne cessons pas de continuer. Le cas de la superstition est exemplaire : l'humanité évolue beaucoup, mais ne progresse jamais, car des descentes suivent toujours ses montées ; rien n'est simple en elle, et dans chacun des événements qui la constitue se trouvent des conséquences complexes, non réductibles à un chemin précis et uniforme ; établir son histoire, c'est mettre en évidence ses faiblesses et ses forces qui forment comme une multiplicité de lignes discontinues, tantôt montantes, tantôt descendantes, mais instructives et fascinantes toujours pour l'homme lui-même.

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