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Scolies
12 décembre 2011

LXVII

Nous voguons sur un milieu vaste, toujours incertains et flottants, poussés d'un bout vers l'autre. Quelque terme où nous pensions nous attacher et nous affermir, il branle et nous quitte ; et si nous le suivons, il échappe à nos prises, nous glisse et fuit d'une fuite éternelle.

Pascal

 Universe_Expansion_Timeline__fr_

Le désespoir de Pascal et le sentiment de l'absurdité de l'existence viennent du constat irréfutable de la mobilité du monde ainsi que de notre incapacité à véritablement le saisir ou à fermement nous tenir sur lui. En effet, nous aurons beau essayer ; tout nous échappera à un moment ou à un autre ; nous faisons couler du sable. Il y a un pyrrhonisme terrifiant en Pascal. Les hommes aimeraient pouvoir s'appuyer sur un sol éternel et immobile ; presque toutes les croyances s'expliquent par là, si l'on y pense ; mais, au contraire, tout pousse à penser que le monde est mobile et soumis à la durée. Il n'est plus aisé aujourd'hui d'occulter le devenir. La modernité ne saurait se comprendre sans cette prise de conscience apportée notamment par la science ; nul besoin de détailler ici les conséquences de la révolution copernicienne. Les nombreuses découvertes de la science au XXème siècle ont définitivement détruit l'ancien univers. Il faudrait parler de la physique quantique ; je ne maîtrise pas assez le sujet pour le faire aisément. En revanche, voici quelques éloquentes vérités de la physique : nous savons désormais que les astres ne sont pas impérissables, qu'ils changent et se détruisent, qu'ils naissent et meurent, qu'il n'y a rien d'éternel : bref, l'univers a une histoire. Il y eut un début de l'univers et il y aura une fin de l'univers. Notre univers est né il y a 13,7 milliards d'années ; notre soleil s'éteindra dans 5 ou 7 milliards d'années ; tout sera mort dans l'univers d'ici 20 milliards d'années. Anecdote scientifique qui en dit long : Einstein, en élaborant sa théorie de la relativité générale, eût pu découvrir l'expansion de l'univers et ainsi sa mobilité et sa durée, mais, croyant fermement que l'univers devait être immobile, il ajouta à ses équations le paramètre de la constante cosmologique, la plus grande bêtise de sa vie d'après lui-même ; oculos habebat et non videbat ; le rêve d'un monde statique et éternel l'empêchait de voir le devenir. Nous ne pouvons plus avoir l'ingénuité des anciens grecs ; le savoir ne s'enterre pas ainsi ; et nous devrions toujours nous efforcer de faire de celui-ci la source de notre puissance, bien que parfois la connaissance semble s'opposer directement à notre bonheur ; la connaissance pourtant est semblable aux armes et à la technologie ; elle n'est jamais bonne ou mauvaise en soi ; tout dépend de l'usage qu'on en fait. Je crois que les vérités de la science moderne peuvent servir à l'élaboration d'une philosophie fondée sur la vanité, l'insouciance et le jeu heureux de l'existence.

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