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Scolies
31 décembre 2011

LXXXVI

Il y a peu d'hommes qui se permettent un usage vigoureux et intrépide de leur raison, et osent l'appliquer à tous les objets dans toute sa force. Le temps est venu où il faut l'appliquer ainsi à tous les objets de la morale, de la politique et de la société ; aux rois, aux ministres, aux grands, aux philosophes, aux principes des sciences, des beaux-arts, etc. Sans quoi, on restera dans la médiocrité.

Chamfort

 Athena

De fait, nous sommes restés embourbés dans notre médiocrité, si nous ne nous y sommes pas enfoncés encore davantage ; et la maxime qui semble présider à la plupart des actions et productions d'aujourd'hui, qu'elles soient politiques ou artistiques, semble être : toujours plus bas, toujours plus profond dans la bourbe ! Car nous avons délaissé l'idéal de la raison ; nous ne sommes plus animés par l'aura de sa puissance ; nous nous abandonnons franchement aux tendances les plus irrationnelles, aux superstitions les plus vulgaires, aux travaux les plus désordonnés, c'est-à-dire laids. On ne me fera pas penser le contraire : si l'art, dans tous les domaines, est aussi médiocre aujourd'hui, c'est en grande partie du fait qu'on nous a habitués et forcés à croire, d'une part, que l'art ne visait pas nécessairement le Beau, et d'autre part que l'art moderne ne pouvait que se fonder sur la liberté de la forme et le chaos ; d'où toutes ces insupportables dissonances, ces histoires incohérentes et déconstruites, ces défilements d'images n'obéissant à aucune contrainte, ces rêveries prétentieuses n'allant nulle part mais qui produisent du pognon. L'art qui ne vise pas le beau est du foutage de gueule : c'est ignorer ou mépriser le sens des mots. Et toutes les œuvres véritables, si l'on y regarde de près, et même les œuvres les plus baroques, sont marquées du sceau de la contrainte, de l'ordre, et la nécessité, notions dont on nous apprend, même et surtout à l'école, qu'il faut s'en moquer. Du reste, il suffit de voir à quoi ressemble une année d'étude dans une école des Beaux-Arts pour tout comprendre de la dégénérescence actuelle.

On dit que nous sommes dans une société scientiste, bêtement rationaliste, aveuglée par les sciences ; mais cela ne veut rien dire ; et je ne conçois pas une société rationaliste dans laquelle plus de la moitié des étudiants en physique avouent, d'après je ne sais plus quel sondage, croire à l'astrologie. Simple anecdote, qui en vaut bien une autre, mais l'observation quotidienne de la société et de ses citoyens suffit pour s'apercevoir que les plus simples exigences de la raison ne sont pas respectées. De la croyance, j'en vois partout, y compris dans la science ; le scientisme n'est pas autre chose que cela ; mais de la pensée, prise dans son sens fort, et se dirigeant vers tous les domaines, j'en vois bien peu. Une société capitaliste et consumériste ne peut, de toute façon, que reposer sur des idoles, des fétiches, des mécanismes sacralisés, des dogmes inattaquables ; et les rites d'adoration frénétique qui ont suivi récemment la mort de Steve Jobs n'ont pas besoin d'être commentés. Une société fondée rationnellement et dont l'énergie est censée se déployer vers la liberté, au sens spinoziste du terme, est absolument contradictoire avec le système capitaliste. Il faut renouer avec la raison ou laisser la civilisation occidentale s'effondrer.

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Commentaires
D
Naturopathes. <br /> <br /> <br /> <br /> Formés à l'art de guérir en trois ans, leurs "frais de scolarité" sont énormes. Leurs honoraires sont très élevés, cependant ils ne guérissent pas le cancer mais presque.
Scolies
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