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Scolies
22 janvier 2012

CVIII

En voyant ce qui se passe dans le monde, l'homme le plus misanthrope finirait par s'égayer, et Héraclite par mourir de rire.

 Chamfort, Maximes et pensées

democrite
Les hommes forts sont heureux même dans les périodes de décadence ; ils parviennent à allier, comme le dit Chamfort dans le plus profond aphorisme du monde, le sarcasme de la gaieté avec l'indulgence du mépris. La principale caractéristique du sage, dans son idéal, est l'indépendance : son épanouissement ne dépend pas des circonstances extérieures, il est heureux malgré l'imperfection de la société et parvient à trouver des avantages, des sources de joie dans ce qui, objectivement, est affligeant. Ce ne sont pas les choses qu'il faut considérer, mais les relations avec les choses. L'ironiste sait avoir une conscience joyeuse, c'est-à-dire avoir une relation distante et souriante avec les choses ; n'ayant pas d'illusion, il n'a pas à perdre douloureusement son ingénuité ; il se passe des merveilles de l'admiration niaise et jouit de l'imprévisible comédie se déroulant tous les jours devant ses yeux. La vertu de la distance est la vertu de l'ironiste, de l'humoriste et de l'homme de mépris ; aussi, ils se ressemblent beaucoup. Il faut être habile et parvenir à renverser les faits ; prendre la médiocrité pour le germe de nos sourires, transformer nos déceptions en fou rire, et jouir des causes de stagnation des autres. L'existence se moque qu'on la prenne par son recto heureux ou son verso malheureux ; mais nous avons intérêret à choisir le premier plutôt que le second : telle est le privilège de l'homme souple qui se plie à sa guise au monde. D'où l'importance de Philippe Muray, qui fut véritablement le Démocrite de notre temps.
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