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Scolies
7 avril 2012

CLXXXIV

Ils veulent être les inventeurs de quelque opinion nouvelle, afin d'acquérir par là quelque réputation dans le monde ; et ils s'assurent qu'en disant quelque chose qui n'ait point encore été dite, ils ne manqueront pas d'admirateurs.

– Malebranche

Ren__Girard

Les imposteurs intellectuels sont des créatures abondantes, on en trouve à foison, facilement observables et analysables, et j'aime le rôle du lion contemplant la masse des gazelles à dévorer, s'élançant d'un coup sur l'une d'entre elle, et la déchiquetant sans autre forme de procès. Bouffer un imposteur n'est pas un acte vain n'apportant que le plaisir de la cruauté ; la savoureuse et méthodique mastication d'un charlatan fait mieux discerner le squelette de celui-ci, fait bien voir comment fonctionne un cerveau de la sorte, et montre de quoi est constitué un tel organisme. Une rapide analyse aboutit à la conclusion suivante : tous les mystificateurs de l'intellect sont faits d'une quantité de vanité largement supérieure à la moyenne des êtres humains, d'un orgueil assez variable, d'un goût marqué pour la flagornerie, la soumission, la quête absurde des honneurs, et surtout d'un talent rhétorique remarquable, leur permettant d'astucieusement faire passer des banalités pour des vérités nouvelles et surtout d'affirmer des énormités réellement nouvelles, si énormes que les jobards croient y voir la marque incontestable de la création d'un génie. Bref, ils ne faut point le nier, ils ont un truc, comme les magiciens, et c'est pourquoi leur succès n'est pas totalement immérité, pour la même raison que l'habile cambrioleur mérite nous louanges ou que l'assassin ingénieux suscite notre admiration.

Justement, René Girard est un parfait modèle de ce genre d'imposteur intellectuel alliant parfaitement l'instinct de courtisan à l'habileté rhétorique, mêlant une vanité éhontée à une réelle capacité de séduction, quoiqu'elle ne s'exerce que sur les niais de la pensée. Plus que les autres, plus encore que Freud qui fut pourtant le roi du genre, Réné Girard a le don de faire croire que l'humanité attendait son arrivée, tel le messie, pour qu'il puisse annoncer à la terre entière leur nature profonde, ignorée jusque-là ; heureusement, il est venu, le grand René, pour nous faire découvrir Des choses cachées depuis la fondation du monde, et l'on se demande d'ailleurs comme l'on faisait pour vivre jusque-là, sans comprendre que nos désirs, tous nos désirs étaient mimétiques. René Girard ne fait que deux choses : d'une part présenter des banalités habillées du costume pompeux d'une théorie révolutionnaire, car il n'y a au fond rien de plus banal que de dire que des désirs peuvent être animés par le mimétisme, et d'autre part, pousser une idée jusqu'à l'extravagance, en l'occurence en faisant croire que tout désir est d'essence mimétique, comme s'il ne pouvait y avoir, comme le pense le sens commun, de désir spontané, et ainsi, à la lueur de cette théorie farfelue, revisiter toute l'histoire de la culture universelle. Le trop peu connu René Pommier, dans ce titre qui mériterait à lui seul la célébrité à son auteur, René Girard, cet allumé qui se prenait pour un phare, a rendu explicite, et dans un style remarquable, cette volonté pathologique de faire du neuf, de se faire connaître, sans craindre de raconter les pires conneries sur toutes sortes de sujet, à commencer par les grands romans de la littérature. 

Quand on voit le nombre de charlatans et d'esbroufeurs adulés par les jobards aujourd'hui, il y a de quoi s'interroger, je ne dis pas sur l'intelligence, mais sur le bon sens, sur l'esprit critique le plus commun, des soi-disant élites intellectuelles d'aujourd'hui.

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