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Scolies
11 avril 2012

CLXXXVIII

Il n'existe pas d'être capable d'aimer un autre être tel qu'il est. On demande des modifications, car on n'aime jamais qu'un fantôme. Ce qui est réel ne peut être désiré, car il est réel.

 – Paul Valéry

thisbe

Par là est décrit, et saisi avec une extrême acuité, non seulement la désillusion inévitable de la cristallisation amoureuse, mais également la lutte dramatique qui suit cette désillusion ; lutte de fantômes qui ne se touchent point, vaines tentatives de rendre l'autre conforme à son idéal, risibles controverses qui ne peuvent avoir d'issues heureuses. Presque toujours l'on voit suivre à l'amour passionné cette fâcheuse tendance à vouloir bouffer l'autre, se l'assimiler, se le faire entièrement sien, à nier son être profond en regrettant, nostalgique, un fantôme qui n'a jamais existé que dans le cerveau de l'amant ; syndrôme de mante religieuse. D'où cette conséquence difficile à accepter de l'amour durable, qui est de se résigner à céder les armes, et d'accepter l'autre, non comme un fantôme, mais comme cet être bien objectif qu'il est réellement. La perfection de l'amour est dans l'adhésion sans heurt à la différence irréductible de l'être aimé. Évidemment, l'amitié, inscrite peinarde dans le réel, n'a point ces inconvénients, et c'est ce qui fait sa force. 

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