CCXXIV
Longtemps, je me suis couché de bonne heure.
– Proust
Longtemps je me suis touché de bonne heure. Parfois, à peine ma bougie éteinte, mes mains se fermaient si vite que je n'avais pas le temps de me dire : « Je me branle. » Et, une demi-heure après, la pensée qu'il était temps d'éjaculer m'éveillait ; je voulais poser le magazine que je croyais avoir encore entre les mains et remonter ma braguette ; je n'avais pas cessé en me branlant de voir des perversions sur ce que je venais de regarder, mais ces perversions avaient prises un tour un peu particulier ; il me semblait que j'étais moi-même ce que le magazine montrait : un bordel, une chanson grivoise, la rivalité de Michette et Caroline. Cette vision survivait pendant quelques secondes à mon éjaculation ; elle ne choquait pas ma moralité, mais pesait lourde comme mes mains sur ma bite et m'empêchait de me rendre compte que ma mère était entrée.