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Scolies
12 juillet 2012

CCLXXX

À l'éternelle triple question toujours demeurée sans réponse : "Qui sommes-nous ? D'où venons-nous ? Où allons-nous ?" je réponds : "En ce qui me concerne personnellement, je suis moi, je viens de chez moi et j'y retourne".

– Pierre Dac

d'ouvenonsnous gauguin

La métaphysique, par son mot même, impressionne. Métaphysique, au-delà de la physique, philosophie première, la science de l'être en tant qu'être ; voilà des expressions qui en imposent. Faire de la métaphysique, ça en jette. Les métaphysiciens sont fiers de l'être ; car il faut bien quelques personnes pour penser à l'Être, à l'existence de Dieu, et autres joyeusetés en notre infâme époque de positivisme. Alors ils nous font frissonner avec ces questions existentielles qui sont censées se poser à tous les hommes. Toute notre vie, parait-il, nous cherchons des réponses à ces questions sans jamais trouver une entière satisfaction ; et cette troublante impossibilité de répondre nous angoisserait. Pauvre homme tiraillé de hautes interrogations ! La nature ne répond jamais à son appel. Il est seul, il est paumé, il ne sait qui il est, vie sa vie sans savoir où aller, et crève sans savoir pourquoi. Quel malheur que la métaphysique ne soit jamais parvenu à atteindre la scientificité !

Tu parles. On a trop hissé la métaphysique au pinacle pour qu'on ne prenne pas régulièrement la peine de la rabaisser dans ses prétentions. Déjà, comme on le fait de plus en plus souvent, en rappelant que le sens du mot métaphysique ne vient que d'une erreur de traduction. L'histoire est bien connue ; nul besoin de le rappeler ; il suffit de songer à ce fichu hélleniste qui a mal traduit à Thomas d'Aquin le mot, causant ainsi l'une des plus conséquente erreur de traduction de l'histoire de l'occident. D'où cette obsession de l'arrière-monde qui est sans doute étrangère à la philosophie des anciens.

La métaphysique n'est pas aussi compliquée qu'on veut nous le faire croire. La politique, la connaissance, le langage sont des sujets beaucoup plus délicats que la métaphysique ; on s'en aperçoit en essayant de faire un cours sur ce sujet si élevé : c'est beaucoup plus simple qu'on ne se l'attendait. Ceci vient de ce que l'histoire de la métaphysique se trace aisément, et que les problèmes que la métaphysique pose ne changent jamais. La question de la possibilité de la métaphysique est presque toute la métaphysique ; il suffit de rajouter quelques démonstrations sur l'existence de Dieu, un peu de galimatias en mélangant quelques couples d'abstractions creuses, raconter la soi-disante nécessité de fonder la science sur la métaphysique, évidemment évoquer l'entreprise critique de Kant, et le tour est joué. Je crois comprendre davantage la métaphysique que la Révolution française ; il y a moins de faits à apprendre, et tout se cerne très vite, pour peu qu'on ait la bonne méthode et quelques bonnes lectures synthétiques. Je ne parlerai même pas du baragouin amphigourique d'Heidegger ; l'évocation du bon sens et du bon goût suffira. 

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