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Scolies
23 novembre 2011

XLVIII

L'amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : la caresse et le baiser.

Pierre Louÿs

1863_Alexandre_Cabanel___The_Birth_of_Venus

On voit la différence qualitative entre l'animal et l'être humain jusque dans la manière d'atteindre la volupté amoureuse ; on ne le souligne jamais assez. Etenim, quid corpus possit, nemo hucusque determinavit. Avec l'être humain, tout devient art : sa force vient de sa volonté de dépasser la simple survie : il invente un art de manger, il invente le vin, il invente l'art d'aimer ; l'artifice lui est naturel, à l'homo faber.

La littérature – après la vie elle-même, n'oublions jamais de brûler nos livres – est la mieux placée pour nous faire sentir la sensualité et l'érotisme ; elle ne l'a pourtant, à mon goût, pas assez fait. J'ai une pensée pour celle dont Platon disait qu'elle était la dixième Muse, et dont il ne nous reste, sur les 12000 vers, que des ruines éparses. Pierre Louÿs, qu'on recommence un peu à lire aujourd'hui, a su être l'héritier de la pure littérature érotique grecque ; il est dommage que les adolescentes ne le lisent plus comme avant. Dans Aphrodite, et malgré les défauts importants de ce roman, nous sentons ce que peut le corps : comment ne pas rêver de la belle Chrysis ou, mieux, de l'ingénuité de Bilitis ? Il ne serait pas étonnant que les lecteurs de cet érotomane comme il n'en existe plus se multiplient (il est d'ailleurs évident qu'un certain nombre de ses textes ne pourraient aujourd'hui être publiés). J'avais commencé à lire Si le grain ne meurt uniquement à cause de mon désir de découvrir ce que Gide pouvait raconter de Pierre Louÿs ; j'y avais heureusement trouvé beaucoup d'autres choses plaisantes et surprenantes, comme dans toutes les grandes œuvres. 

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