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Scolies
18 mars 2012

CLXIV

Aux premiers rayons du jour, leurs langues se délièrent avec le soleil, la gaieté revint, c'était comme à la veille d'un combat, le coeur battait, les yeux riaient ; on sentait que la vie qu'on allait peut-être quitter était, au bout du compte, une bonne chose.

– Alexandre Dumas

Le printemps arrive, le ciel s'éclaircit, les âmes et les corps, déjà, commencent à laisser voir leurs attraits naturels et innocents ; douce aurore plus chaleureuse que le zénith au milieu de l'été ; annuel réveil annonçant mille floraisons, mille bonheurs à venir. En ce temps là, qui n'est pas encore le beau temps à proprement parler, le coeur se gorge d'espérances, l'esprit se projette dans une multiplicité de possibilités d'avenir délicieux, et le corps, sentant la température monter progressivement, prend davantage confiance en sa force, désire mesurer sa puissance, et se félicite d'avance de la quantité d'énergie qu'il devra sans nul doute dépenser prochainement. L'arrivée imminente de la plus belle saison de l'année donne à toutes choses un enthousiasme juvénile dont nous devons profiter de tous les instants ; précieuse annonce, magnifique recommencement, il nous faut te chérir. 

Heureusement, nos yeux, nos regards, le chérissent bien ce temps là ; car ils sont errants, nos yeux, nos regards, errant capricieusement autour des jeunes filles se promenant, insouciantes et souriantes, dans les rues, les jardins et les places de la ville ; et ces nymphes urbaines nous font nous rappeler cet effet merveilleux de la chaleur qui est de dévoiler petit à petit la chair fraîche et alléchante que recouvrent les délicats épidermes féminins... (Ces trois petits points, le lecteur attentif l'aura compris, sont là pour exprimer la bave du désir charnel). En effet, lassés des doudounes et des épaisses écharpes, nous rêvons de décolletés et de jambes sans collants ; nous souhaitons de toute notre âme (les mauvaises et caustiques langues ne manqueront pas de traduire cette belle litote signifiant "de toutes nos couilles") que l'une de ces ravissantes jeunes filles, que nous voyons dans notre imagination nécessairement souriantes, même lorsqu'elles font la gueule dans la réalité, et envieuses de transmettre leur tout aussi nécessaire euphorie, s'approchera par hasard de nous pour nous prodiguer le bonheur attendu. 

L'immortelle chanson d'Aznavour, je la crois juste autant que belle ; intimement liée la perspective de paysages ensolleilés, la soif de vie et de bonheur correspond aux images de lumière. J'aime la belle et significative assonnance de ces deux mots : radieux et joyeux ; il y a là une correspondance qui n'est pas anodine ; l'âme s'éclaircit en même temps que le ciel ; âme joyeuse est une âme radieuse ; dans l'homme joyeux brûle un feu lumineux. 

Le printemps est proche, il n'est pas encore là ; déjà, les nuages reviennent et l'obscurité montre qu'elle n'est point morte. Peu importe ! La ferveur s'est partagée, le soleil a lancé ses rayons de promesses, et nos âmes, fortifiées en leur intérieur, flamboient de l'espérance du bonheur. Elle pourra toujours venir, la pluie ; ils pourront toujours obscurcir notre ciel, les nuages ; maintenant, nous avons le tempérament des mousquetaires, et, courageux et joyeux, nous écarterons violemment ces images moroses pour ne laisser que resplendir la joie de la libre lumière.

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