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Scolies
4 mai 2012

CCX

Quand je vois que nos artistes se tortillent à chercher du nouveau et de l'inouï, je me permets de rire.

– Alain

33646610

Le XXème siècle est le siècle le plus ridicule artistiquement. Peut-être n'avons-nous pas encore suffisamment de distance pour bien nous en rendre compte, mais j'espère bien que des avisés hommes du futur ferons ce constat. Ce ridicule est le fruit de la recherche obstinée de l'original, de l'originalité de sens faible. Car c'est un fait, tous les grands artistes sont originaux, dans la mesure où, par la forme propre de leur art, ils expriment leur moi profond, leur singulière vision du monde ; en rendant sensible les idées nées de leur substance personnel, ils créent nécessairement du nouveau. Il s'agit d'une autre originalité dont il est question ici : de l'originalité voulue pour elle-même, de l'originalité allant jusqu'à la plus risible affectation, de l'originalité de ceux qui veulent faire les malins, et qui n'ont pas de rapport authentique à l'art. En ce sens, la recherche de l'originalité ne peut que conduire à des oeuvres inauthentiques, creuses, et emphatiques. 

Le vers libre, né du désir de briser le classicisme, est la négation même de la poésie, qui repose entièrement sur l'attente du rythme régulier ridiculisé par les pseudo-poètes du XXème siècle. Un mouvement littéraire qui se nomme le nouveau roman ne pouvait que produire des bizarreries ne suscitant, grosso modo, que le seul intérêt des universitaires (car qui prend son pied en lisant Robbe-Grillet ?). Claude Simon, avec son insupportable absence de ponctuation et son désir tordu de construire des univers fragmentés, ne réussit qu'à donner des migraines ; et j'admire ceux qui parviennent à lire trente pages de La route des Flandres sans se casser la tête dessus. Les fruits d'or est le plus chiant bouquin que j'ai jamais lu. Jackson Pollock est le peinre le plus honteusement surestimé de l'histoire de l'art ; l'argumentation est inutile, quiconque a un tant soit peu de bon goût, cette notion aujourd'hui dépravée, approuvera. Marguerite Yourcenar ne sombre point dans ce vice moderne de l'originalité pathologique, à l'inverse de l'autre Marguerite, comme par hasard vache sacrée des universitaires. 

Deleuze n'a point cessé dans toute son oeuvre de se demander d'où pouvait émerger le nouveau, mais il ne questionne jamais la légitimité de la recherche du nouveau. S'il l'eût fait, il nous eût épargné bien des bizarreries fumeuses qui ne servent qu'à bêtement exciter l'étudiant en philosophie en rut. 

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