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Scolies
13 mai 2012

CCXX

Il faut feuilleter tous les livres et n'en lire qu'un ou deux.

– Jules Renard

9782070200474

Les livres dont on peut dire, sans réticence aucune, qu'ils sont pour nous, sont forcément d'un nombre très restreint. Il en va pour les livres comme pour les amis : celui qui aime tous les livres n'en aime aucun véritablement, c'est-à-dire du plus profond de son âme. Ces livres existent, et ils ne sont pas les mêmes pour tous. Tout se passe comme si certains livres universels nous atteignaient d'une universalité plus intime que d'autres ; bien que s'adressant à tous, ils semblent n'être faits que pour nous, tant la concordance entre notre être et ces livres paraît parfaite. La Bible n'a point le priviliège du tolle lege ; et il y a des révélations profanes qui valent bien celle de Saint Augustin. Ainsi, l'oeuvre négligée d'Alain, Les idées et les âges, s'est imposée à moi dès les premières lignes, sans contestation possible ; c'est un envoûtement qui résiste à l'examen, le plus cher de tous. "J'ai lu bien des fois, dans Homère, le conte de Protée, aussi ancien que les hommes."

Ces livres là doivent être connus par coeur. Ils sont trop rares pour être négligés. Ce n'est pas parce qu'ils semblent être en adéquation parfaite avec nous-mêmes qu'ils ne nous enseignent rien que nous ne savons déjà, au contraire ; c'est que précisément parce qu'ils sont faits pour nous, ces livres nous poussent à faire s'épanouir en notre esprit nos pensées les plus profondes, qui ne sont encore que dans un imparfait état de germe. Trouver ses livres pour devenir ce que l'on est.

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