Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Scolies
4 juin 2012

CCXLII

Nous ne savons réellement que ce que nous avons appris par nous-mêmes, et la découverte personnelle est notre unique source d'enthousiasme.

– Élie Faure

autoportrait3

La profonde jouissance esthétique est individuelle. Le partage de cette jouissance est profane, sauf lorsqu'il s'agit d'amis, c'est-à-dire d'autres nous-mêmes. Il est dégoûtant de s'imaginer qu'un homme qu'on méprise puisse toucher à une oeuvre que l'on juge sacrée. J'aime Stendhal, j'aime Proust, et cet amour fait mon bonheur ; mais dès que je pense à ces êtres vils, affectés, précieux sans coeur, qui font semblant de goûter ces auteurs, mon amour se gâte ; je deviens jaloux. Je suis davantage en proie à la jalousie en matière de littérature qu'en matière de femme, et je tolère plus facilement qu'on désire une femme que j'aime qu'on feigne d'apprécier un auteur que je vénère. Touchez aux femmes, hommes indignes, mais ne frôlez pas Stendhal. Ainsi, il n'est pas si mal que l'école ne fasse pas lire sincèrement les oeuvres des grands auteurs, mais plutôt qu'elle pousse les élèves à s'élancer par eux-mêmes, personnellement, dans les grandes oeuvres de l'humanité. L'expérience de l'art rend individualiste. 

Publicité
Publicité
Commentaires
Scolies
Publicité
Archives
Publicité