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Scolies
5 juillet 2012

CCLXIII

Il n'est point de douceur en ce monde Gwendor ! rien que de légende ! Tous les royaumes finissent dans un rêve !...

– Céline

Félix_Nadar_1820-1910_portraits_George_Sand

C'est ce qu'on a envie de gueuler dans les oreilles mielleuses de George Sand quand on a passé une après-midi à lire ses élucubrations de grande Infirmière de l'humanité. Ah ! George Sand ! Je t'admire et je te méprise ! Je suis peiné de ton ambivalence dramatique, toi qui mêle la création de caractères uniques et élevés aux discours les plus grotesquement emphatiques et occultistes de toute la littérature ! Il n'y a rien de plus décevant qu'un auteur génial qui gâche ses productions ambitueuses en les décorant, en les pourrissant par des fumisteries pour bonnes femmes, ce en quoi semble malheureusement exceller l'attachante Aurore Dupin. Pourquoi, chère mère de Consuelo, fallait-il que tu fréquentes ces Leroux, ces Lamennais, et tant de charlatans superstitieux qui ont ravagé ton entendement en y introduisant le socialisme occultiste le plus ridicule et honteux qui soit ? Va, tu n'aurais dû t'adresser qu'à des Flaubert, et tu n'aurais pas eu l'occasion d'engendrer en ton cerveau autant de niaiseries ravageuses du bon sens ; va, tu aurais mieux fait de t'occuper de pure littérature ou te de te plonger dans la philosophie véritable plutôt que de t'attacher à ces stupides sectes hérétiques qui t'enchantèrent pathétiquement ! Tes hussites à la noix m'ont fait gueulé des cris de ralliement au rationalisme comme jamais il n'en sortit de ma bouche ; tes histoires de convocation de morts, d'anabases, de trinité révolutionnaire m'ont fait proférer des insultes infâmantes à ton égard, à toi que j'aime tellement, à toi, la mère sainte de Consuelo ! Quel chef-d'oeuvre tu eusses pu écrire si tu ne t'étais pas éloigné des grands sujets universels que tu développais si bien, allant de la musique, des complexités de l'amour, du dévouement sublime, du serment aux autres et à soi, jusqu'au triomphe de l'art par la domination des passions, pour t'en aller divaguer avec ta secte des Invisibles, tes histoires de revenants à mourir debout, ta réconciliation impie avec le Diable et avec le monde entier, façonnant ainsi un superstitieux univers romanesque qui nuit à l'épanouissement de tes personnages magnifiques ! Avec davantage de sobriété et moins de longueurs et de superstitions, ton ouvrage eût été l'un des plus beau du XIXème siècle, et j'eusse presque oublié que tu fus avant tout une femme peureuse qui passa ton temps à chanter la révolution dans tes rêveries et tes livres pour mieux la fuir dès qu'elle arriva réellement et âprement sur ta gueule de rentière épouvantée. 

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