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Scolies
10 février 2012

CXXVII

Qui accroît sa science, accroît sa douleur.

– L'Ecclésiaste

ecclesiaste1

La dévalorisation du savoir cache un profond ressentiment et révèle une grave incompréhension de la dialectique naturelle qui se joue entre l'ignorance et la science, de ce mouvement précieux qui, quoiqu'en disent les peureux du savoir, fait la grandeur de l'homme, et non sa misère. Le christianisme, faisant sans cesse l'éloge de l'ignorance, ne voit certainement pas dans la connaissance une vertu, un moyen de s'élever dans la maîtrise du réel ou un ressort d'augmentation de puissance ; et, de ce point de vue, tout oppose les Grecs, dont nous descendons heureusement, et les Hébreux. Le refus de sortir de son état d'ignorance est un signe manifeste de faiblesse ; il y a de la lâcheté dans cette obstination à demeurer dans cette absence de connaissance qui est magiquement élevée en innocence, comme si le fait d'être simple d'esprit était un gage d'honnêteté, alors qu'elle ne fait que de favoriser la maladresse, l'inhabileté, les possibilités de mauvais rapports avec le monde. Rester volontairement ignorant est un vice : l'ignard est fier de lui, il prétend que son ignorance lui est utile, qu'elle préserve d'une infinité de maux dont seraient accablés les hommes de savoir ; son arrogance le conduit à se mirer dans une stérile inertie intellectuelle ; et, surtout, il se sert sans scrupules de son ignorance pour légitimer ses mauvaises actions. Nous excusons trop souvent les soi-disant accidents de ces ignorants volontaires, qui mériteraient des coups de botte au cul plutôt que notre compassion. Il est frappant que de nos jours, à cause de la transformation malheureuse d'une partie de la philosophie en instrument politique pour gauchiste présomptueux, nous passons notre temps à faire le procès de l'homme de savoir plutôt que de l'ignard, de même que nous sommes désormais habitués à préférer toutes les formes de la folie aux différentes manières, presque systématiquement jugées réactionnaires par les biens-pensants, d'être savants et rationnels.

Indépendants de toutes les idéologies, les hommes forts préfèreront toujours la lucidité parfois dérangeante de la connaissance à l'obscurité trop confortable de l'ignorance.

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Commentaires
D
A mort l'ignorance! La salope....
Scolies
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